Quand j’étais gamine et qu’on me demandait ce que c’était mon rêve ultime, je répondais « faire le tour du monde ». Je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire mais bon, ça sonnait bien.
Ce rêve ne m’a jamais quitté mais a bien évolué.
J’adore voyager, j’ai toujours adoré voyager.
Je ne sais plus vraiment comment ça a commencé, quand, pourquoi et avec qui mais j’ai ça en moi. Et ça vibre plus fort que tout le reste, d’une manière indescriptible, irrationnelle mais tellement magique et intense.
Le 1er octobre 2017, j’ai pris la décision de partir sans itinéraire, sans date de retour, sans questions, sans projets et sans plans.
A l’origine, l’idée, c’était de simples vacances au Canada. Deux/trois semaines à tout casser et retour à la case Paris.
Mais les choses ont « légèrement » évolué.
En Septembre 2016, je suis partie toute seule en Indonésie, pendant un mois. C’était une aventure assez dingue, parce qu’à l’époque j’étais un peu abîmée et surtout parce que c’était mon premier voyage solo. J’étais déjà partie loin et longtemps… Mais toujours accompagnée. Je n’avais pas vraiment peur mais je dois avouer que c’était assez impressionnant. Se livrer à l’inconnu comme ça, de façon inconditionnelle, c’est un sentiment de liberté aussi effrayant qu’enivrant.
Et mon Dieu, comme ce fut exaltant ! J’ai tant aimé avancé seule. Juste moi, mon courage, mes pensées et mes choix. Ça a tout changé, vraiment. Je découvrais le voyage sous un nouvel angle. Ne dépendre de personne, se dépasser, découvrir et rencontrer différemment, laisser tomber le masque, ne jamais savoir, prendre du recul… A mon retour, inévitablement, les choses étaient différentes dans ma vie et dans ma tête. Plus question de laisser les événements du quotidien glisser sur moi. Il était temps que je reprenne le contrôle, que je réalise mes rêves un peu trop enfouis.
J’étais alors obsédée par deux choses :
– Repartir en voyage avec ma canadienne et ma suisse. Les deux filles qui ont transformé mon expérience et qui m’ont donnée une vision assez fabuleuse de la vie. Beaucoup trop d’amour entre nous. Une promesse que nous tiendrons.
– Partir en voyage, pour de bon. Sur le long terme. Je crois qu’à ce moment, je parlais encore de tour du monde.
Et soudainement, je ne sais plus comment, tout est allé très vite. Le rendez-vous était fixé, ça serait le Canada toutes les trois, pour trois semaines. J’ai immédiatement pensé « quitte à partir, autant que ça soit le grand départ ». CE grand départ, celui tant fantasmé. Je l’avais en moi depuis si longtemps, je savais que c’était le moment, que tout ça ne se déroulait pas par hasard.
C’était d’accord, OK pour moi.
Les contours de mon rêve (qui avait toujours un été un tour du monde) se sont alors modifiés et ont pris une forme inattendue.
Pourquoi prévoir alors que je rêve de liberté ? Pourquoi fixer une date de retour alors que je n’étais même pas partie ? Non, ça ne serait pas un tour du monde. Oui pour une aventure qui se vit, qui se vit lentement et qui n’attend rien si ce n’est la douceur de la route. Oui pour une vie loin de ce qui ne me correspond pas, qui ne me correspond plus. Oui pour la Liberté totale !
Le 19 Juillet 2018, la voilà la date.
Je n’ai pas réalisé quand j’ai réservé mon billet. Je n’ai pas réalisé non plus quand j’ai officialisé auprès de ma famille et amis. Je n’ai pas réalisé quand j’ai annoncé à mon boss adoré que je voulais partir. Je n’ai pas réalisé quand j’ai rendu les clés de mon appartement, chargé de souvenirs. Et à l’aube du départ, je ne réalise toujours pas.
Je ne sais pas trop ce que je ressens, ce que je suis censée ressentir.
Mais je sais que tout est prêt, que je suis plus prête que jamais, que c’est LE moment.
Le 19 Juillet 2018, je pars donc avec mon aller simple, direction Montréal. Je sais que je veux prendre mon temps, que je ne veux pas « consommer » le voyage, que je veux travailler sur place, découvrir des modes de vie alternatifs, que je ne veux fermer aucune porte, que je veux être sur la route et surtout (attention, phrase de type « carpe diem » à venir) vivre le moment présent (j’avais prévenu).
Mis à part ça, pas de plans, je laisse ce cher inconnu se charger de mon destin. J’ai confiance.
Je n’ai pas la sensation d’avoir « tout plaqué » ni la sensation de fuir quoi que ce soit.
Ce voyage n’est pas « un projet » ni une envie soudaine et encore moins une lubie. C’est juste mon rêve, c’est en moi, un besoin vital. Comme respirer, boire et manger.
Le début de ce que j’aime appeler « ma nouvelle vie ».
Aujourd’hui j’ai 27 ans et pour la première fois de ma vie, je n’ai aucun plan.
Ce qui me rend, bizarrement, incroyablement sereine.